J’ai rencontré Edouard Eyglunent et Grégoire Hugon à l’automne 2016. Autour d’une bière, au détour d’une blague, ils me racontent qu’ils sont au carrefour de leur vie professionnelle. Alors aux prémices de leur projet baptisé “WeCanDoo” – qui vise à soutenir et valoriser l’artisanat – ils écument les rues parisiennes à la rencontre d’artisans prêts à s’investir dans leur réseau. “L’aspect humain est très important.” me confie Edouard. “On ne fait pas de démarchage par téléphone. Le porte-à-porte nous permet d’aller à la rencontre de l’artisan et de découvrir son savoir-faire et son atelier.”
Sur la ligne de départ, trois mecs que leur avenir professionnel séparait mais qu’une solide amitié et un intérêt commun pour l’artisanat allaient réunir sous la bannière “WeCanDoo”. Edouard a mis les mains à la pâte à l’Institut Paul Bocuse avant de poser ses fesses en école de commerce. Grégoire travaillait en cabinet de conseil financier. Le dernier de l’équipe, Arnaud Tiret, était consultant chez Ernst & Young et a vu son parrain, dernier meunier de France, mettre la clé sous la porte sans repreneur. Leur start-up est né du constat suivant : “Si tous les savoir-faire ancrés dans les territoires disparaissent, c’est toute l’économie locale qui est mise à mal.” Pour apporter leur soutien à tous ces savoir-faire en sursis, chacun lâche son job pour se lancer dans la course. “C’est une boîte de copains, on l’a lancée comme on est dans la vie”. Avec optimisme, sincérité, pragmatisme, et une bonne dose de malice à en juger leurs sourires facétieux, toujours prompts à dégainer une plaisanterie. La ligne d’arrivée qu’ils visent ? Devenir un acteur du renouveau de l’artisanat en organisant des ateliers manuels au cours desquels artisans et particuliers se retrouvent autour d’une passion commune et la pratique d’une activité manuelle.
Un an et demi après notre premier échange, la petite équipe de passionnés a parcouru une longue distance à une allure de marathonien. Leur plateforme internet recense 160 artisans à Paris, Lyon et Bordeaux – premiers territoires visés avant d’essaimer dans les territoires ruraux – et propose la découverte de plus de 30 savoir-faire différents. On peut y apprendre à assembler un parfum, fabriquer de la mozzarella, composer un terrarium, … et tester toutes les matières allant du bois, à la terre, en passant par le béton, le textile, le verre ou encore le métal. La particularité est que les « doers » repartent avec l’objet qu’ils auront appris à fabriquer. Depuis mars 2018, WeCanDoo, en partenariat avec Makesense, c’est aussi une adresse baptisée “L’Arche”, située sous l’enjambée n°5 du Viaduc des Arts . L’équipe est animée par l’envie d’offrir un véritable lieu de vie pour les artisans et le public et propose sur 3 étages un espace de co-working, un espace événementiel avec la tenue d’ateliers créatifs et collectifs, et un showroom mettant en avant les créations des artisans partenaires.
Cet après-midi, c’est Julia aka Tomàs Avinent, qui passe l’après-midi à l’Arche pour tester un futur atelier de papier marbré dont elle détient le savoir-faire. Tous les membres de WeCanDoo, mais aussi des amis, viennent pour faire danser la peinture sur l’eau et capturer ses marbrures sur le papier. “Chaque atelier est testé avant d’être proposé au grand public, et nous tâchons de recruter des artisans qui ont une véritable passion pour la transmission et… la bonne humeur ! », m’apprend Grégoire.
A la fin de l’après-midi, chacun repart avec son papier marbré avec la fierté de pouvoir dire « C’est moi qui l’ait fait », le sourire aux lèvres, et quelques traces de couleurs sur les doigts.
Testé, approuvé, validé, l’atelier de papier marbré de Julia rejoint la liste des nombreux savoir-faire que WeCanDoo vous propose d’apprendre au côté d’artisans professionnels.